Promenade
Je fais aujourd’hui le travail buissonnier et je pars en promenade dans les rues de Montréal. Une partie de l’après-midi j’erre dans le Miles End. Mon imagination vagabonde, je laisse mes pensées circuler à hauteur de la rue. Un camion passe et mes pensées sont soufflées dans un tourbillon de poussières au coin d’avenue du Parc et St-Viateur. J’entrevois, par la vitrine d’un restaurant, la silhouette de Leonard Cohen en grande discussion avec un vieux grec. Ils rient et lèvent leurs verres d’ouzo pour trinquer en disant « opah ! ».
Je croise deux enfants, une fillette et un garçon, sûrement frère et sœur, qui traversent l’avenue du Parc en se tenant par la main. Le petit garçon porte une calotte sur la tête et des boudins de chaque côté de son crâne rasé. Des juifs hassidiques.
Rendu au coin de Fairmount je tourne pour prendre la direction de l’est jusqu’à Saint-Dominique où se trouve l’école secondaire Lionel-Groulx annexe, là où j’ai fais ma 12ième années (secondaire V si vous préférez) en 1972-1973. Où se trouvait plutôt car le bâtiment de l’école a disparut pour laisser la place à une habitation pour personnes âgées. C’est vrai que j’ai maintenant cinquante ans…
Je continu sur Fairmount pour me rabattre sur l’école secondaire Saint-Stanislas (ESSS) au coin de Laurier et de Gaspé, où j’ai passé – de peine et de misère – ma 10ième et 11ième années en 1970-1972, mais une partie de l’école abrite maintenant un collège privé et l’autre partie des bureaux et un café au rez-de-chaussée. Poursuivant mes pérégrinations sur Laurier jusqu’au coin de la rue de la Roche, face au parc Laurier, je constate que l’école Jacques Marquette où j’ai passé ma 8ième et 9ième années en 1968-1970 a été transformée en condos, ou en coopérative d’habitations je ne sais trop.
Le temps a passé, que deviennent nos souvenirs si ils n’ont ni bâtiments, ni même photos auxquels se rattacher ? Vont-ils s’étioler ?
Traversant le parc Laurier je poursuis ma course nostalgique vers le boulevard Rosemont en franchissant la viaduc de la rue Christophe-Colomb. Au coin Rosemont et de Normanville je m’arrête au McDo prendre un café là où je déjeunais parfois quand, jeune homme dans la vingtaine, j’habitais sur de Normanville entre Bellechasse et Rosemont. Même le McDo a changé, il n’y a vraiment plus rien de sacré ! Mais il y a quand même des petits vieux, des retraités, qui prennent le café à quatre heure de l’après-midi en parlant des dernières émissions débiles qu’ils ont regardés à la télé. Des petits vieux qui, vingt-cinq/trente ans plus tôt passaient dans ce McDo en coup de vent pour avaler un déjeuner avant d’aller pointer à l’usine ou au bureau. Je monte de Normanville et ne reconnaît même pas le logement où j’habitais dans les années 80, et je ne me souviens même pas de l’adresse.
Bon, aussi bien revenir aujourd’hui puisque je n’ai plus ma place dans le passé…